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INTERVIEW

  

 

 

UNDERCLASS

Interview : Bobby Lyndon

Comme un selfie, et pour bien souligner ce qu’est devenue la société aujourd’hui, (dont je fais intégralement partie), cette interview se veut être tout simplement un dialogue avec moi-même. On se prend tous pour des stars sur facebook non ? Tous acteurs, tous photographes, Tous stars de rock, tous explorateurs, tous vendeurs…

NR Salut Bobby, peux-tu me parler un peu du groupe ?

B.  Bonjour, UNDERCLASS a été fondé en 2012. J’avais écrit quelques compos et j’avais une idée assez claire de ce que je voulais pour le groupe : un groupe de rock qui retrouve les racines du rock anglais. Tu vois, pour moi le vrai rock, celui qui me fait vibrer, n’est pas celui d’Elvis. Il nait pour moi en Outre-Manche, avec les Beatles, les Rolling stones, et Bowie. Il prendra une nouvelle dimension avec Joy Division, les Sex pistols , les Clash ou encore Iron Maiden dans les années 80s ; avec Placebo, Oasis, Blur dans les années 90s, les Libertines , Arctic monkeys, Kasabian, Kaizer chief, Interpol et les Kooks dans les années 2000. Depuis 10 ans n’y a rien d’ailleurs…Bon,  et si tu ajoutes les BJM, Marilyn Manson et les Strokes, je crois que j’ai cité mes plus grandes influences. Et c’est d’ailleurs, à partir de goûts en commun que j’ai rencontré Benoit « Seize » après une annonce sur le site zikinf. 

NR. Une belle rencontre ?

Comment te dire…En amour on parlerait de coup de foudre !  On était dans un endroit miteux, le Plug in, On se serait cru dans un mauvais film des années 80s avec Kurt Russell, tu sais…à Détroit ! (rires). Il ne me paraissait pas le plus grand technicien mais il dégageait quelque chose d’extraordinaire ! C’était lui, c’était évident. Il a chanté Slave to the wage de placebo et I wanna be your dog  d’Iggy Pop. C’était assez dingue! Une  réelle harmonie d’emblée. Une belle amitié est d’ailleurs née de cette rencontre... Et voilà, on avait la base d' UNDERCLASS !

…On a eu ensuite une période avec Son à la basse (Son N Guyen) et Rusell Hobbs à la batterie. Le groupe se mettait en place, il avait besoin d’exprimer son énergie. Pas toujours très proprement d’ailleurs, mais il y avait déjà une âme, on avait le truc. Il fallait juste canaliser ça et bosser !

 

NR. Comment ça ?

Ben on avait un vrai problème de son, de réglages, de placements. D’ailleurs , Son essayait de ramener ça, et il a été important de ce point de vue. Et c’est, comme souvent dans ces cas-là, seulement après son départ qu’on a profité de cet héritage. Il a fallu qu’il parte pour qu’on suive la voie de la sagesse ! Mais il y avait un vrai choix à faire avant cela. Il y avait un vrai conflit d’orientation dans le groupe.  Un vrai conflit identitaire qui doit être une sorte de passage dans la naissance d’un groupe. Tu avais d’un côté le Geek passionné de son, habitué à bosser au clic, et de l’autre le punk (benoit), l’écorché vif. Il fallait définir l’orientation du groupe. J’ai tranché et on a choisi bien évidemment : Le rock !

 

NR. Vous vous êtes retrouvé sans bassiste du coup ?

Sans batterie même ! Russel est parti à son tour, il devait partir à l’étranger, bref, pas très important… C’était quoi qu’il en soit assez difficile, car le groupe commençait à prendre forme et on débutait tout juste les live. Underclass aurait pu, d’un point de vue purement rationnel, exploser à ce moment-là. Mais la base était solide ! On n’allait pas s’arrêter là en si bon chemin, c’était mal nous connaitre.

Y avait de l’envie. Je pense même avec le recul que ça a renforcé le groupe et son identité. On était prêts à tout ! On a commencé à jouer dans des petits bars avec des acoustiques pour garder le rythme. C’était chouette. On a même fait ça à l’étranger et on a fait des concerts inoubliables. Et c’est seulement après un été assez rock n roll où on a perdu deux ans d’espérance de vie qu’on a commencé les auditions pour rechercher un Batteur. Mais Underclass avait déjà son socle, sa grosse caisse : Benoit Seize et Bobby Lyndon. Et je pense que ça pouvait se sentir à l’audition.

 

NR  C’est là qu’arrive Whopper ?

Bingo ! ah ah ! Un bon moment ! Un mec débarque avec une casquette. Il avait l’air assez timide… (Rires). C’est drôle de se remémorer les rencontres quand tu connais le gus… bref, Le mec avait les cheveux décolorés sous sa casquette et il essayait de masquer ça. ! (rires) Il avait fait un « week-end d’intégration récemment ou quelque chose comme ça. On sentait qu’il avait envie d’intégrer le groupe. Quand on a envoyé, c’était dingue. Il avait beaucoup de technique, il frappait fort et faisait rebondir la batterie. Un petit défaut, par contre, l’histoire de sa vie, ah ah : trop rapide ! Mais ça ne nous faisait pas peur. Il était bon et il avait un côté irrésistible avec son enthousiasme, notre johnny Rotten, Sebastien Whopper… Whooppy.

 On a ensuite joué dans cette disposition quelques temps avant de trouver un Bassiste. (Je salut au passage Fabrice Delmas pour ses quelques mois dans le groupe !  ) On a même fait un concert à trois au théâtre du Rutebeuf, une salle de 700 places !  Je me souviens, tu avais ces trompettes de Léonie, un groupe aux 100000 fans facebook qui faisaient de la soupe. Dans les yeux, je les ai vus complètement abasourdis par notre musique. On sortait de nulle part et on avait ce qu’ils n’auront jamais…

 

Vous avez quoi vous ?

Nous, c’est le goût ! (rires) Nous on a une âme, une énergie redoutable. Et on a surtout Rodolphe Rochambeau ! Ce mec est génial. Et on se comprend très vite. L’alchimie est complète. J’adore jouer avec lui et on a déjà des idées pour la suite.

 

 

Et pourquoi rock anglais ?

Je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit !  Je suis tombé amoureux c’est comme ça. « La musique s'adresse au cœur, tandis que les écrits ne s'adressent qu'à l’intelligence, et elle communique immédiatement ses idées, à la manière des parfums » nous disait Balzac. Tu vois, j’exprime les différentes facettes de ma personnalité dans mes différentes activités. A travers la musique, j’exprime ma sensibilité, mon côté animal, mon amour du rock, de la séduction, des notes et de l’harmonie. Et j’ai une manière très spécifique de composer. Je commence par la musique, un riff. Toujours. Ensuite me vient une mélodie. Je chante par-dessus en yaourt pour trouver la mélodie, ce que j’appelle la « musicalité » de la voix. Ensuite, elle est partie, elle se développe d’elle-même. Elle trouve les arrangements qui deviennent une évidence. Enfin, lors de l’écriture, un thème est apparu, il va colorer les paroles, en anglais. Je suis pourtant chauvin mais à part Noir Désir, le rock reste  anglais ! Il faut l’admettre, si la littérature et le bon goût français s’exprime parfaitement depuis le 19ème siècle, dans la musique, les anglais restent les maîtres grâce à leur vague rock des années 60s. Après 1815, déjà ils devenaient nos rois.

 

« Je suis une sorte de Rastignac »

NR Bon et vos deux albums alors ?

Le premier est purement autobiographique, j’y exprime et  y raconte mon amour pour la musique, mes rêves de gosses, mon milieu social. Je suis une sorte Rastignac. D’où cette référence à Barry Lyndon, sa version anglaise. Ça collait bien ici.  Bon, sinon l’album parle du couple également, de la possession notamment. Tu sais, on souligne souvent dans l’islamisme, moi le premier, cette manière de brider la liberté de la femme et notamment dans le couple, et au travers de la chanson Would you please stay in my bed,… je ne sais pas si tu saisis l’ironie du titre ?...je fais l’analogie entre cette façon de faire et la manière de devenir justement un « taliban »  quand tu vois l’être que tu aimes s’envoler et prendre progressivement sa liberté… Que cela soit le temps d’une soirée  avec la jalousie des regards ou plus concrètement lors d’une rupture… Tu vois cette chanson est à l’image de l’album, une musique orientale ici pour colorer le propos, une rage dans la voix qui exprime ce type de sentiments et des paroles à double sens. Toutes les chansons sont à double sens d’ailleurs, et je passe du social au psychologique et du psychologique au social, comme wait, cette chanson sur le mensonge ou « New addiction », à la fois sur la terre promise et sur notre volonté de vous faire devenir addict à nous ! (rires)

 

NR Et modern style, votre nouvel album ?

Celui-là est vraiment particulier. Nous en sommes très fiers. C’est ce qu’on appelle un « concept album », il faut l’écouter dans l’ordre. Musicalement, tu y palpes nos tripes et nos grandes influences.  Très mélodique, plus efficace que le premier. C'est un bloc cohérent et harmonieux.  

 

Et cet album est partie de l’intime pour aller vers une réflexion sociétale, donc plus intéressante. C'est un album de reconstruction, un album sur les crises, les transitions de vie  et les traces que tu laisses derrière toi. Un combat pour le changement et l'avenir.

 

Modern style est également une critique profonde  de l’ultralibéralisme et de l’hyperconsommation. La liberté est une valeur, simplement je suis d’un héritage rousseauiste plutôt que voltairien , tu vois. je défends la liberté et l’équité, mais justement pour qu’il y ait équité, la liberté se doit d’être bordé par des limites, claires, des frontières, des traditions, qui garantissent la cohésion du couple identité / justice sociale.  Je critique cette fausse liberté  consistant uniquement à détruire les structures traditionnelles, et ce, pour  faire le lit d’une idéologie dominante qui est désormais claire comme de l’eau de roche.  Sans limite,  tu banaliseras des mecs qui s’écrivent à eux-mêmes !

 

« Et je déteste les surfeurs, tu sais, attendre la vague, et s’y conformer pour avancer, c'est pour moi le contraire de l’identité ».

 

Tu es un conservateur alors ?

Oui en quelque sorte mais pas seulement. Mais du rock oui, clairement ! Le rock d'ailleurs était une musique rebelle, progressiste. Etre rebelle aujourd’hui c’est paradoxalement être conservateur ! Je ne plaisante pas. Je suis pour le progrès justement ; Mais être pour le progrès c’est avant tout  défendre ses acquis et rester vraiment libre. Etre Libre ce n’est pas tomber, dans le « tout ce qui vient après est forcément un progrès », ni bien évidemment dans la nostalgie et l’idéalisation, cela va de soi. Mais déjà tu ne trouves pas ça dingue qu’il faille  s’ « adapter » au monde pour soit disant devenir « libre » et s'émanciper. C’est un vrai contre-sens. Ce marché mondial, tous ces gadgets, les selfies (rires) et toute cette mascarade…. Et je déteste les surfeurs, tu sais, attendre la vague, et s’y conformer pour avancer, c’est pour moi le contraire de l’identité.  Aujourd’hui, je suis plus affirmé que jamais et ça se ressent dans la musique je crois. Je ne pense pas être borné pour autant, simplement je défends des valeurs. La liberté est une vraie valeur quand on a bien compris son essence et lorsqu'on a bien décelé les influences invisibles. Tout ce qui est susceptible de t'aliéner.

 

Rockeur, psy...

Oui je t’ai dit j‘exprime différentes facettes de ma personnalité. J’aime l’art sous plusieurs formes, la littérature, le cinéma, la peinture, ou encore la psychologie, l’histoire et la politique, la plus grande, voire la seule vérité.

 

La plus grande ?

Oui je m’intéresse à l’individu, au cas unique, et je respecte la diversité, et je pense qu’il faut tout donner à l’individu. Je souhaite le bien-être individuel et la liberté de chacun, mais je pense aussi que la réflexion collective ne doit pas avoir et ne peut pas avoir la même souplesse. Il faut savoir trancher. C’est le politique qui tranche. Toute vérité collective n’est que politique et tout en devient politique. J’en suis convaincu aujourd’hui. Faire de la musique c’est  également du politique, la littérature c’est du politique, le cinéma c’est politique, la psychologie c’est politique. Y a souvent des enjeux idéologiques derrière une oeuvre. Faut pas passer à côté de ça.  Mais on en parlera une autre fois si tu veux !

 

Oui revenons à l’album !

Tu vois  je t’emmène où je veux ! (rires). C’est justement un album politique ! Je dénonce  l'ultralibéralisme et ses méfaits. Aujourd’hui l’échiquier a changé. Il faut plus voir le clivage en termes de Droite/Gauche, c’est un piège à con.  Valls, juppé, Marcron, sont  très proches idéologiquement. Comme le sont Dupont aignan, Henry Guaino , Montebourg ou Chevènement…Et  La gauche  au pouvoir s’est embourgeoisée et elle s’est reniée comme jamais depuis la révolution individualiste de 68. Les libéraux/ libertaires de 68 sont les pires vendus. Tu goûtes un peu de tout pour te faire une belle image. Faut que tu aies l’image d’un être curieux, humaniste, sportif, gourmand, fun, sex, spirituel…. On a eu le même phénomène au 19ème siècle. Et Un petite minorité d’intellectuels comme Sweig( que j’admire en tant qu’écrivain) , traversaient l’Europe librement et s’échangeait de belles idées au détriment du peuple… On a vu le résultat. ..Après le peuple se réveil et on voit Trump prendre le pouvoir et on pleure… « Oh non je vais perdre mes privilèges et le peuple est dégueulasse ! Vous devriez avoir honte ! » ah ah. Je ris. Tu connais cette phrase de Bossuet: "Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont il chérissent les causes!"

 

Tu n’aimes pas les bourgeois toi…

C’est faux. Je ne suis pas aussi tranché dans cette vision de la bourgeoisie, du peuple ou de la lutte des classes et je ne tomberai pas dans la démagogie. C’est ce que je déplore chaque jour moi pour le coup, la démagogie et les lieux communs. Et puis, tout dépend de quoi on parle et de quelle époque. Tu as le droit d’être riche et c’est même chouette. La bourgeoisie était d’ailleurs aussi séduisante et intéressante que l’était sa représentante féminine, lorsque celle-ci avait une réelle supériorité intellectuelle, esthétique et morale. Les bourgeois , grands gagnants de la révolution, avaient  profondément investi la pensée comme pour compenser la bassesse de leur rang face à l’ordre naturel aristocratique, l’ordre sacré. Désormais le pouvoir est suffisamment installé, il n’y a plus ce complexe d’infériorité à combler, seul la richesse , la célébrité et l’image compte, pour prospérer. Le paraitre et la vente…Une compétition de seigneurs dans une guerre impitoyable aux codes modernes. Un retour à la féodalité. Hier, la littérature bourgeoise classique, comme le latin, visait la distinction et la grandeur. Il fallait avoir lu les bons auteurs, pour sentir cette appartenance, au-delà de l’argent, des biens, des manières, et de la morale chrétienne. Aujourd’hui, la petite bourgeoisie, n’a plus ce complexe du rang, et ses représentants  se cachent même derrière les habits du prolétaire… Tu sais la caricature  ou l’archétype de l’hypster avec ses tatouages et son discours sur l’ouverture… il se dit humaniste parce qu’il aime surtout voyager tranquille, regarder les autres cultures à la manière dont on regarde un aquarium.

C'est peut-être justement la fin des classes sociales? 

 Non car il reste la Haute Bourgeoisie qui garde sa conscience de classe.  Mais il y a eu un changement , et pas des moindres. L’efficacité de la reproduction par le mécanisme de l’« entre-soi », est devenue non plus seulement nationale mais internationale et surtout : invisible ! On brouille les frontières. C’est pour cette raison que l’Internationale Marxiste s’est vidé de la poussière des greniers aujourd’hui, car cette prophétie redevient probable, en tant que force d’opposition. Marx prévoyait la fin du capitalisme par le soulèvement des peuples après que celui-ci fut devenu mondialisé. Aujourd’hui sa théorie reste intacte dans le fond mais elle a été bien entendu rénovée, modernisée sur la forme. Les adversaires l’appellent aujourd’hui « populisme » pour mieux neutraliser ses potentiels adeptes. Pour freiner et décourager les prolétaires on ainsi a créé un mur s’appelant « La classe moyenne », imitant la classe supérieure avec les miettes qu’on a bien voulu et qu’on veut bien leur laisser et en justifiant le bien fondé de cette posture en s’appuyant sur les restes, (des miettes là encore), de l’ héritage chrétien, et plus précisément sur son plus grand fond de commerce : la peur et la culpabilité.

C’est ainsi qu’on prêche sur l’humanisme, le discours sur l’ouverture, les migrants, la lutte pour la planète et contre la pauvreté pour mieux laisser les grandes puissances jouer à la chasse à courre sur un terrain plus grand et plus sympathique. Avec comme toujours des mythes. Mythe de la méritocratie. Mythe de la liberté. Mythe de l’entreprenariat.  Ils ont compris que pour gagner facilement et à moindre coût une guerre contre les démocraties, celle-ci doit toujours rester froide avec la même stratégie consistant à se servir, comme aux échecs, des pions, avec en tête constamment un coup d’avance, sans jamais se salir. Et toujours avec l’apparence d’un pacifisme humaniste! C’est la règle ! La démagogie est redoutable par son efficacité. Pour moi ce sont les grands disciples de la nouvelle noblesse : l’ « Aristocratie de l’argent ».

 

Mouai… Il y a des engagés quand même…Tout le monde n’est pas avide d'argent.

Arrête mec, y en a mais ce n’est pas ceux que tu crois. Tu ne vois pas l’hypocrisie ? C’est comme ces artistes dits « engagés  à gauche ». Ils me font rire. Tous ces mecs sont comme Madonna avec sa tournée  Live Earth  et sa consommation en kérosène. Regarde Ntm , Kool shen tourne un film avec Isabelle Huppert ! Tu parles d’un anti-système. C’est comme nos cadres  qui vendent leur pays en bossant pour des entreprises américaines, ils abaissent ainsi le pouvoir de notre pays qui a du mal à lutter contre la puissance d’en face, du coup ils deviennent encore plus puissants et séduisent par l’argent et vident petit à petit la richesse de notre culture…notre patrimoine se dissout. Et ce sont les mêmes qui  derrière jouent les samaritains avec de belles paroles autour d’un bon diner au chaud, ou autour d’un petit cocktail ou d’une salade chez « jour ». Paris est devenu un hôtel pour américains, chinois, et qataries…Je te choque ? Je m’en contrefiche, c’est vous qui faites semblant de ne pas voir ça.

 

"tous plus ou moins, à la fois victimes et complices d’un système qui a trop d’intérêts pour être détruit et qui reste pourtant trop chronophage pour pouvoir s’en accommoder".

C’est un peu complotiste non ?

Mais non… pas du tout. On est d’ailleurs tous plus ou moins, à la fois victimes et complices d’un système qui a trop d’intérêts pour être détruit et qui reste pourtant trop chronophage pour pouvoir s’en accommoder. C’est ça le vrai piège, tous complices ! Rien à voir avec un complot. Mais il faut nommer les choses. Il faut arrêter les lieux communs et cette foutue pensée unique et cette bien-pensance.


Comment tu expliques qu’on ne change pas de modèle, en sachant qu’on s’éloigne du rock là ?

Si tu veux du rock, tu écoutes l’album. Si tu veux comprendre, tu me laisses parler. (Rires)

 

Le monde a peur. On le ressent bien. Et Le monde est en train de changer. Trump est aujourd’hui le président des États-Unis,  Theresa May conduit le Brexit. Les nations se protègent de la globalisation devenue folle, de la menace islamiste et du chômage de masse. Oui la liberté doit avoir des limites. Il faut retrouver, non pas le gout du sacrifice, mais la solidarité nationale. Trouver un juste milieu entre la rigidité et le chaos. Nous pouvons échanger et partager avec les autres nations, mais il ne faut pas pour autant détruire notre culture. Le monde marchand n’a aucune vision à long terme. Il recherche le profit à court terme et se base uniquement sur les chiffres. Avec l’ère du numérique ce n’est pas l’avenir, c’est le moyen-âge qui ressurgit dans notre pays. Les patriotes conservateurs de l’héritage de l’ancien monde des nations sont les adversaires des individus marchands hors-sol- ne défendant aucune culture, le multiculturalisme étant la culture du vide. Respecter la différence, c’est ça le respect de la culture. Conserver les différentes langues du monde, les différentes musiques sans vouloir constamment « mixer ». Ceci profite uniquement à une culture : là encore la culture marchande inspiré de la culture de l’argent roi d’un certain empire… Ça ne veut pas dire qu’il faille pour autant interdire le mélange, ou l’ouverture, attention. Seulement j e ne veux pas qu'on standardise et qu'on dénature tout...Et l'art? Regarde moi ce massacre. L’art contemporain n’a pas fini de « déraciner » pour en fin de compte changer complètement sa nature, son essence, et peut-être même son sens. Si l’art passe par essence par la reconnaissance, qu’en est-il dans un monde où celle-ci n’est pas clairement codifiée ? Peut-on  et doit-on considérer  l’art en tant que tel, dans un monde où la reconnaissance  est censée faire suite à un long parcours, rappelant le cadre scolaire, ou une vulgaire recette ? En somme, tout sauf de l’art, mais de bien un processus de reproduction !...On en revient à la logique de la fabrication du même : une forme de taylorisme, l’aliénation. L’anti-art. Tout cela n’est sans doute pas anodin, car l’artiste, qu’il fasse partie de l’ancien ou du nouveau monde  est censé justement questionner la société.

 

Et Pourquoi des talons qui écrasent une ampoule alors ? Tu combats le féminisme aussi ?

Alors déjà pour moi et depuis toujours, le vrai combat est plus en terme  de lutte des classes que de lutte des sexes. Et ça c’est très important. Les femmes de la bourgeoisie dominaient largement les hommes du prolétariat. Comme les aristocrates étaient plus libres que les hommes Bourgeois. Rien n’a changé dans le mécanisme.  L’aristocrate ne bossait pas, Mme de Récamier était bien plus heureuse que la petite paysanne qui luttait avec son mari.  Ce que je veux dire c’est que le premier niveau est avant tout à comprendre dans ce sens. Alors qu’on ne me sorte pas l’histoire de Beauvoir, cette libertine qui avait les moyens de sa liberté, et qui en voulait juste un peu plus pour baiser partout sur le globe.

Ensuite, si, je suis féministe. Et je fais un métier de « femmes » en quelque sorte en étant psychologue, donc bon...Ya pire comme miso.. Je défends l’équité, les droits des femmes, je dénonce la violence faites aux femmes toutes classes sociales confondues. C’est une valeur universelle. Je dénonce le voile et son symbole. Je veux la liberté des femmes.Et je respecte la première ère du féminisme, mais pas sa dimension révolutionnaire et castratrice actuelle. La génération Sex and the city…  Même moi je suis tombé dans ce piège à un moment… C’est un peu elle sur la pochette, la représentante de cette génération là… une égérie sans tête…Ce n’est pas la  femme que j’attaque. Bien au contraire. C’est sa représentation caricaturale moderne.  La femme moderne avec ses clichés : biba, le Bonbon, Instagram avec ses photos de Burger, Gleeden, Mon plan régime, mon concert de rap, mon plan cul, mes « girls », mon langage de la rue alors que j’habite dans le 17ème, mon cocktail au « Barbes » en regardant la misère par la fenêtre (indécent), mon roman de poche  50 shades of grey, mes 5 conseils psys,… Limite tu as l’impression qu’il y a le code civil de la féminité aujourd’hui hui…

Modern style c'est donc un message pour dénoncer la vision caricaturale de la femme?

Modern style c’est aussi et surtout pour rappeler et souligner l' instrumentalisation du féminisme, à des fins commerciales. Le but est simple , la méthode subtilement dissimulée avec soin pour alimenter finement la société de consommation. La féminisation de la société était ainsi un projet faisant suite à  une simple étude de marché au niveau sociologique. Les femmes achetaient les meubles, les machines à laver après la 2ème guerre… C’était  visiblement les plus grandes consommatrices, c’est un fait sociologique. Féminiser la société c’était tout simplement pour vendre plus. Avoir plus de consommateurs. Il fallait donc rapprocher drastiquement les femmes du capital, d’où cette idée de la cette entrée massive des femmes sur le marché du travail.  On a également féminisé l'homme en ce sens.  Ce que je veux dire c'est que chaque liberté  accordée est moins un principe moral, qu'un calcul financier. La femme libre qui consomme sur gleeden est juste un symbole.. Et pourtant, elle se croit libre et puissante... C'est le but recherché...Puis elle déprime lorsqu'elle se rend compte qu'elle s'est perdue dans la consommation....Schématiquement, On est passé d'un extrême à un autre. Je caricature là encore, mais l’ancien monde occidental était un monde de nations, il était collectif, guerrier, sacré, patriarche  et patriote, et le monde moderne s’est globalisé et il est devenu pacifiste, individualiste, narcissique,  car marchand...Le règne des émotions et du bien-être individuel...On  a écrasé les lumières, et on a réintroduit le sentimentalisme dans tout  ! Une arme redoutable pour bien vendre. Et d'ailleurs, celui qui résiste est macho, un sexiste, un populiste, un débile…

He bien  tu sais quoi? Moi je suis tout ce que tu veux, mais je suis avant tout  un rockeur venant de la classe d’en bas qui aime l’équilibre et l’équité…Et pour tendre vers cet idéal faut savoir monter parfois la voix. UNDERCLASS c’est aussi ça : un cri de l’âme en musique. À bon entendeur…

 

 

“Créer, c’est vivre deux fois. ”

Camus  

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